Hockney à Beaubourg (1)
C'est l'expo à ne pas rater, même par ceux qui l'ont vue à Londres, ne fut-ce que pour goûter le plaisir de la verrière dominant Paris combinée à la captivante série des doubles portraits.
Irrigués d'un silence qui évoque Edward Hopper, les grands portraits d'Hockney montrent des personnages en pied empreints d'un mystère que le spectateur voudrait percer.
Le peintre avait-il deviné la faille dans le couple de collectionneurs américains? Toujours est-il que l'on rapporte leur hésitation à accepter le double portrait agrémenté des emblèmes de leur collection (le mari figé au garde à vous et la tête de l'épouse tordue dans un rictus sardonique), et leur divorce peu après.
Un épi de maïs sur une table, un canapé rose devant les gratte-ciel, un trio blanc formé par un vase de lys, un chat et un téléphone, la troisième chaise vide du Parc des Sources, des tableaux qui se reflètent dans un miroir : c'est comme si chaque portrait donnait à voir une énigme à laquelle même le décor participe.